samedi 12 juillet 2025

Aclan Buyukturkoglu - Le conteur invisible des âmes silencieuses

 Aclan Büyüktürkoğlu

On pourrait croire que pour faire du bruit dans le monde du cinéma, il faut frapper fort, éblouir, choquer. Mais certains cinéastes savent chuchoter à l’âme, avec pudeur, sincérité et intensité. Aclan Büyüktürkoğlu est de ceux-là.

Homme de théâtre, voyageur entre les continents, artisan de la lumière et de la mémoire, il fait partie de ces rares réalisateurs pour qui chaque silence a un poids, chaque regard une histoire. Son film L’Antiquaire (Antikacı) est une œuvre singulière : une boîte à musique nostalgique, un collier solitaire, un téléphone qui ne sonne plus… Autant d’objets qui parlent plus que mille dialogues.

Ce que j’admire chez lui, c’est son respect profond pour la dignité humaine. Que ce soit dans les rues de Trabzon ou les rues de Los Angeles, il cherche la vérité du geste, la beauté du simple, et l’étrangeté du réel.

Film coup de cœur : L’Antiquaire (2015)

Une errance douce-amère à travers le passé, les objets, les promesses silencieuses. Un film sur ce qu’on garde, ce qu’on vend… et ce qu’on ne dit jamais.

Théâtre et cinéma entrelacés

Ce qui rend son parcours encore plus unique, c’est cette capacité à naviguer entre la scène et l’écran sans jamais trahir l’un ou l’autre. Il ne les oppose pas: il les entremêle. Il les fait danser.

Dernièrement, il a signé une mise en scène remarquable de la comédie musicale Singin' in the Rain, un hommage vibrant au cinéma dans ce qu’il a de plus joyeux et spectaculaire. Sous sa direction, le théâtre devient un écrin pour les rêves de celluloïd, et chaque mouvement scénique semble rythmé par l’écho d’un clap.

La traduction comme acte de création

Au-delà de la mise en scène, Aclan Büyüktürkoğlu se distingue aussi par son travail de traduction théâtrale. Véritable passeur entre les langues et les imaginaires, il a contribué à enrichir le répertoire turc en traduisant de nombreuses œuvres internationales avec une grande justesse de ton et de sens.

Pour lui, traduire n’est pas simplement transposer. C’est recréerréinterpréterfaire revivre un texte dans une autre langue, une autre culture, tout en respectant son souffle d’origine. C’est cette approche exigeante et poétique qui a marqué sa traduction de Singin’ in the Rain, saluée pour sa fluidité, son humour préservé et sa musicalité fidèle.

Chaque réplique, chaque chanson traduite porte sa patte discrète mais essentielle : celle d’un artiste qui comprend que le théâtre, avant d’être dit, est ressenti.






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