samedi 12 juillet 2025

Guillermo del Toro - Le conteur des ténèbres enchantées

 

Guillermo del Toro 

Parmi tous les cinéastes qui ont marqué mon imaginaire, Guillermo del Toro occupe une place à part. Chez lui, la monstruosité est une forme de beauté, le fantastique un miroir de l’âme humaine, et l’horreur une poésie baroque.

Del Toro ne filme jamais le mal gratuitement : ses créatures, aussi terrifiantes soient-elles, ont souvent plus de cœur que les humains. Ce que j’aime dans son cinéma, c’est cette capacité à tisser la lumière dans l’ombre, à rendre la peur émouvante, presque tendre. Il réinvente les contes, leur rend leur dimension sombre et politique, tout en gardant un regard profondément humain. Son œuvre est une ode aux marginaux, aux solitaires, aux rêveurs.

Le Labyrinthe de Pan (2006)

Un conte gothique en pleine guerre civile espagnole. L’imaginaire d’une enfant devient un refuge face à l’horreur. Est-ce un rêve ? Est-ce réel ? Peu importe. Ce qui compte, c’est que la magie existe, surtout quand elle est tragique.

Film coup de cœur : Mama (2013)

Une histoire de maternité hantée, de perte et de protection venue d’ailleurs. Produit par Del Toro, Mama mêle l’angoisse viscérale à une étrange tendresse. Le fantôme ici n’est pas un monstre… c’est une mère. Et c’est précisément ce qui le rend si inoubliable.

Les monstres ne sont pas ce que l’on croit

Chez Guillermo del Toro, le monstre n’est jamais une simple créature à craindre. Il est souvent celui qu’on rejette, celui qu’on ne comprend pas, celui qui souffre en silence. Il inverse les rôles : les humains sont parfois les plus cruels, les plus vides, tandis que les monstres — eux — aiment, protègent, ressentent.

Dans Crimson Peak, la beauté gothique des décors et la présence spectrale des fantômes ne sont qu’un écrin pour une tragédie intime. Dans La Forme de l’eau, c’est l’amour interdit entre une femme muette et une créature aquatique qui devient une ode à la différence, à la tendresse cachée dans les marges du monde.

Ce que j’aime chez lui, c’est cette foi inébranlable dans la puissance du mythe et de l’imaginaire pour dire les douleurs les plus réelles. Il ne filme pas les monstres pour faire peur, mais pour faire pleurer.

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